13 février 2006
Crépuscule
( calvaire près de Pierreville dans la Hague, Manche)
Ce jour-là il neigeait sur la plage. J'avais senti le vent tourner bien avant de voir les nuages. Bien avant les mots je savais. Un silence, le ton de la voix un peu parti déjà. Il aurait fallu raccrocher. Les phrases ne sont alors que du remplissage, tout sonne faux, glissées en désaccord en si peu de temps.
Sous les yeux un chemin creux pour perspective, une haie d'épineux pour protéger des bourrasques. Au bout la falaise... Le vide s'est imposé, rempli de l'air glacé qui mord la peau. Du froid au bout des doigts, dans le souffle devenu court, dans les jours à venir passés soudain à l'agonie. Que choisir quand il ne reste rien ? Attendre un mieux, un matin où enfin, le geste qui, le jour où? L' attente, un lambeau de bois perdu en pleine mer auquel on s'accroche malgré tout. Car quand il ne reste rien c'est là que commence l'espoir du plus pauvre, celui d'un jour de plus.
Et je connais des pauvres qui, avec ce rien, garde encore le sourire.
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