7 février 2006
La voix des autres
(Paris, reflets dans la galerie du jardin du Palais Royal)
Ces jours-ci, je pense au XVIIIème siècle. Il y a des associations d'idées qui nous font penser aux vacances, d'autres aux cadeaux, au cocooning, aux régimes. Moi, quand les conversations prennent des airs de dialogue de sourds, quand la cacophonie devient générale, je pense au siècle des lumières et aux grands noms qui l'ont fait. Siècle de famines, de guerres, d'épidémies et de misère pour le peuple mais d'où l'homme est sorti, malgré tout, grandi par ses idées. Aujourd'hui nous avons assimilé cet héritage qui nous permet de défendre haut et fort cette belle notion de liberté d'expression qui en fait partie. Nous avons tous en tête les grands principes qui contribuent à notre identité et nous sommes fiers de les défendre. Mais les défend-t-on vraiment ? Ne sommes-nous pas plutôt fiers d'avoir l'occasion de les défendre ?
Cette histoire de caricatures mal venues m'apparait davantage comme un prétexte à un affrontement identitaire que comme une véritable polémique. Comment s'entendre quand on ne parle pas de la même chose ? Quand chacun a raison et campe stupidement sur ses positions en braillant plus fort que son voisin ? Quelle autre solution qu'un statu quo général ? Je me suis risquée à dire tout haut cette position des diplômates qui ne satisfait jamais personne. On m'a crié dessus au nom de toutes les Libertés, comme si je reniais l'Histoire, la Patrie, comme si je passais dans l'autre camp. Comme si je blasphémais. Quelle différence dans ce cas avec ceux d'en face ? Est-ce ce moyen d'expression, réduit aux certitudes et aux hurlements scandalisés, que les penseurs et les philosophes nous ont enseigné ?
La neutralité n'a rien de glorieux mais je maintiens cette position. Je ne vois dans cette histoire, elle-même caricaturale, que de la véhémence et de l'énergie bien mal et dangereusement dépensées. Le monde a la tête à l'envers et se noie dans un verre d'eau. Quand aura-t-il l'âge de raison, celui de la discussion et du compromis ?
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