21 janvier 2006
Un dimanche en hiver
Qui aime les ciels gris, la boue et le vol noir des corbeaux croassant au-dessus des arbres dénudés, le tout sur fond d'ennui ? Pas grand monde. Et pourtant... Si vous aimez Tchekhov, le romantisme allemand ou une certaine chanson française, vous n'êtes pas loin d'apprécier le vide existentiel de la nature.
Lorsque j'entends les parisiens, à leur retour de week-end, pleurer parce qu'il a fait un temps épouvantable sans pouvoir mettre le nez dehors, je les plains. Non pas parce que la météo leur a gâché leur séjour, mais parce qu'ils se gâchent la vie bêtement. Changeons les termes de ma première phrase: que trouve-t-on dans la campagne en hiver? La volupté des nuages pommelés, la fraîcheur odorante de la terre mouillée, l'invitation au voyage dans le vol des oiseaux et l'expression fantastique des silhouettes noires des arbres. Vous voyez déjà les choses autrement? Alors allez jeter un oeil sur les peintures d'Isaac Levitan, paysagiste russe du XIXième siècle, comtemporain et ami de Tchekhov. Ce qui les apparente dans le style, c'est que tous deux ont renoncé aux descriptions prolixes au profit d'une représentation dépouillée du superflu, spontanée et émotionnelle. Surtout, dans l'expression de la nature, quand la désolation devient solennelle et l'immensité grandeur, ils expriment la condition de l'homme, grand sujet de réflexion des intellectuels de l'époque.
Toujours triste la campagne en hiver? Si malgré tout il vous faut encore le plein soleil, les arbres en fleurs et les petites bêtes batifolants dans les herbes hautes, et bien attendez le printemps. Ou faites comme Jane Birkin, pensez à mettre des bottes.
http://www.abcgallery.com/L/levitan/levitan.html
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