15 janvier 2006
Natura
( champs du Val de Saire, Manche)
J'ai mis longtemps à oser prendre des photos de paysages champêtres, et plus encore à les peindre. Toutes ces feuilles, ces herbes, ce vert me perdaient, je me sentais aspirée par l'incommensurable qui rendait dérisoire mes tentatives d'interprétation. Et puis où poser les limites d'un cadre dans un environnement tout en courbes, sans limite, sans construction ni perspective? C'est la peinture qui m'a ouvert les yeux, car, sur ce terrain, la science rejoint l'art: on n'invente rien, on ne travaille pas sur le vide mais sur les pas de ceux qui nous ont précédés. Le mieux pour dessiner un arbre, c'est encore de regarder comment d'autres l'ont fait avant. C'est donc avec la joie du chercheur que j'ai appris dans les livres et les musées que le vert est multiple et composé de toutes les couleurs, que le vide participe autant que le plein dans la perception des formes, que tout est "construit" mais à géométrie variable, et qu'au final, quand toutes ces choses sont maitrisées, on est libre d'en faire ce qu'on veut.
De regarder le travail des autres, d'interpréter soi-même ce qui nous entoure fait se dessiller les yeux. Et lorsque quelqu'un me dit en regardant un de mes paysages "Tiens, je connais ce coin-là, mais je le verrai autrement maintenant", je me dis que la boucle est bouclée.
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