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Monologues d'une blonde
20 novembre 2005

Cette heure-là

paris_la_nuit Toutes les heures n'ont pas le même poids. Et celles que nous choisissons pour rythmer nos journées façonnent nos pensées. Voilà, ce matin, ma réflexion au réveil. Tout comme la veille, l'avant-veille, les jours d'avant et ceux qui suivront. Car cette heure est sans doute la plus étrange et la plus difficile à vivre. On ne la choisie pas. On la subit. Qu'on soit travailleur ou fêtard, c'est elle qui nous mène. Les autres nous accompagnent. Une mélancolie terrible me saisit dès la sonnerie. Pourtant je ne suis pas fatiguée. Trop raisonnable pour ça. Ce poids inhabituel, c'est un peu comme si j'avais la conscience d'une très vieille femme, comme si je me réveillais à côté de la Mort. Pourquoi ? me dis-je en marchant le plus doucement possible sur le parquet qui craque. Est-ce que ça vient de moi ? J'allume la cafetière. Je devrais poser la question aux autres. Je fais une toilette de chat, m'habille vite vite, retourne à la cuisine. Je ne dois pas être la seule à avoir cette drôle d'impression. J'ouvre mon livre, car quelle que soit l'heure, rien ne pourrait m'empêcher de lire en déjeunant. Ces lignes du matin donnent le ton pour la journée. Sans lecture je ne suis rien. Puis enfiler le manteau, mettre le sac en bandouillère, ouvrir doucement la porte et la refermer sans bruit, descendre sans glisser l'escalier en bois sur la pointe des pieds, retenir le claquement de la porte du hall. Dehors le froid, la nuit et le souffle d'une ville qui dort encore. Je devance les premières couleurs et le chant des oiseaux, rien n'a encore commencé. Je croise le peuple furtif du petit matin, celui des femmes de ménage, des livreurs, des kiosquiers et des boulangers. A une époque pas si lointaine, j'aurai aussi rencontré des ouvriers, mais Paris a été plus cruelle avec eux encore qu'avec les oiseaux qui trouvent encore quelques arbres où nicher quand eux ont perdu jusqu'à leurs chambres sous les toits. Les rues renvoient l'écho de mes pas. Un chat se sauve devant moi. Je me dis alors que cette heure à du bon malgré tout le poids qu'elle fait peser sur mon envie d'insouciance. Cinq heure... On en fait des chansons... Il doit bien y avoir une raison...
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